La victoire électorale de Giorgia Meloni s’inscrit dans une montée des mouvements populistes d’extrême droite en Europe. Tous ces mouvements partagent l’hostilité envers les migrants et l’islam, l’euroscepticisme et la défense d’une identité nationale, voire, paradoxalement, européenne. Ils diffèrent néanmoins dans leur rapport au christianisme, même s’ils évoquent souvent l’identité ou les racines chrétiennes de l’Europe.
Une telle référence est, dans le nord de l’Europe, purement négative : elle sert à faire de l’islam l’autre par excellence, mais n’implique en rien la promotion de normes ou de valeurs chrétiennes. Les populistes du nord de l’Europe ont entériné l’évolution de la société et ne mettent pas en avant la lutte contre l’avortement ou le mariage homosexuel, quand ils n’ont pas tout simplement adopté les nouvelles valeurs libérales et féministes (comme le parti de Geert Wilders aux Pays-Bas).
En France, Marine Le Pen se rapproche de ce modèle : elle fait de la laïcité le cœur de l’identité française et ne remet en cause ni l’avortement, ni le mariage pour tous ; les idées de sa nièce « catho-tradi » ne percent pas dans le populisme français, comme l’a illustré l’échec électoral de Zemmour. Il se pourrait que ce modèle, laïque, anti-migrant, illibéral mais libertaire, se répande d’ailleurs vers le sud : le mode de vie des dirigeants populistes est la plupart du temps celui de leur génération, ayant grandi dans la permissivité (même Giorgia Meloni, qui défend les valeurs de la famille, a oublié de se marier et n’a rien d’une femme au foyer, tout en élevant sa fille). Les Églises n’ont donc pas trop de problèmes à prendre leur distance avec ces populistes.